Antonio, Luigi, Pablo et les autres …

Pour passer quelques vacances au Portugal j’ai loué sur Internet un appartement dans une maison proche d’Aveiro, en bord de mer. Echanges de mails, signature contrat de locations, explications détaillées pour y accéder et de judicieux conseils pour le meilleur loueur de voitures. Antonio le propriétaire me souhaite un bon voyage me précisant qu’il sera là-bas à mon arrivée.

Effectivement à l’arrivée Antonio m’accueille avec une grande gentillesse, presque comme un ami bien que nous ne connaissions que par mails interposés. Belle villa dotée d’un appartement au rez-de-chaussée pour la location saisonnière et un second appartement à l’étage pour son usage personnel.

Il n’est pas question de faire autre chose que d’accepter l’invitation au pot de bienvenue et nous voilà attablés avec un couple de ses amis, lui portugais, elle française et en vacances également au Portugal. 

Antonio me raconte alors son histoire ! Son histoire d’émigrant portugais vers la France, pays dans lequel il fondait tous ses espoirs avec un grand enthousiasme.

Antonio est arrivé en France il y a 50 ans, à 18 ans, ne parlant qu’un français scolaire, 2 années d’apprentissage de la mécanique et quelques maigres économies en poche. Mais bien décidé à réussir.

Pas la moindre association richement dotée pour l’accueillir, l’héberger, le nourrir, lui donner de l’argent de poche, lui fournir un téléphone portable, rien ! Absolument personne pour l’aider. Antonio se débrouille seul. Premier emploi, la plonge dans un restaurant avec des horaires impossibles et misérablement payé au noir. Mais Antonio est courageux. Tout en étudiant le français il est en quête d’emplois plus lucratifs, manoeuvre dans le BTP, manutentionnaire, homme à tout faire à droite, à gauche et autres petits boulots… Ce n’est pas facile pour le « portugueshe« , moqué par les français qu’il côtoie et s’imaginent, pauvres imbéciles, lui être supérieurs parce qu’ils sont français. Toutefois, même si aujourd’hui son accent portugais reste tenace, Antonio possède un vocabulaire en français aussi riche que vous et moi.

Antonio ne manifeste pas en vociférant dans la rue le poing levé, non. Pas plus qu’il n’attend une aide de quiconque. Il est en pays étranger et s’applique à respecter la loi en poursuivant avec pugnacité son chemin vers la réussite, logeant dans de minables chambres d’hôtels, se contentant de petits salaires. Le quotidien n’est pas toujours facile, une baguette de pain et une boîte de sardines constituent souvent ses repas. 

Balayeur, homme à tout faire, « véritable larbin » dans une usine de mécanique, il se passionne pour les machines-outils au point que son patron lui accorde sa confiance et avec le temps Antonio accède au poste d’ouvrier spécialisé avec un salaire décent. 

Bien des années plus tard Antonio prend la suite de ce patron parti à la retraite et fait fructifier l’entreprise au prix de lourds sacrifices personnels et financiers. La semaine de 35 heures ? Pas pour lui. Combien de fois a-t-il terminé ses premières 35 heures le mercredi soir pour attaquer la suivante le lendemain matin et la terminer le dimanche soir ? Pour Antonio, réussir c’est aussi satisfaire les clients !

Au cours d’une rare sortie avec des amis il rencontre Mireille qu’il épouse quelques mois plus tard. Aujourd’hui ils ont 2 enfants dont il est fier à juste titre, pensez donc l’un est ingénieur dans l’aéronautique et l’autre comptable dans une importante multinationale.

Antonio prend sa retraite à 66 ans après avoir eu beaucoup de mal à trouver un repreneur car être patron d’une PME exige beaucoup de travail, de présence. 

Vous pourriez penser qu’il est reparti à Aveiro, sa ville natale, au bord de la mer. Non, Antonio est resté à Tours, car il aime la France, ce pays lui a donné sa chance, il est devenu le sien, celui de ses enfants. Le Portugal ? Il y retourne une fois l’an pour y retrouver la famille.

Quelle histoire banale me direz-vous ! Pas vraiment, il en a fallu du courage, de la volonté, de la pugnacité, des sacrifices pour se hisser dans la société et Antonio n’est pas le seul.

Alors merci Antonio, merci à toi le maçon italien passé de manœuvre à créateur d’une entreprise du bâtiment employant 45 personnes, merci à toi l’espagnol qui a commencé comme plongeur et a gravi tous les échelons par ton travail, devenu 40 ans plus tard patron de 3 restaurants et 27 salariés, merci à tous ces étrangers venus galérer en France pour travailler, y payer des impôts et créer des emplois sans manifester, sans se plaindre, sans rechigner à la tâche. Courageux au travail, honnêtes, sérieux ils y ont fait leur vie, y ont élevé leurs enfants, lesquels participent maintenant au développement de mon pays. Ces gens courageux vivent une retraite sereine ne retournant au pays que pour quelques vacances. En France ils se sentent chez eux, ils aiment ce pays, ils ont inculqués à leurs enfants le respect qu’ils ont pour lui.

La France peut exprimer ses remerciements à ces portugais, espagnols, italiens et à tous ces étrangers …des modèles d’intégration venus s’installer après guerre, oeuvrant avec pugnacité et courage pour participer à la grandeur de la Nation France malgré le mépris des gens du cru . Confiant aujourd’hui à leurs enfants le soin de continuer à servir notre pays.

La leçon à tirer de ce récit est d’une telle simplicité ! Elle ne mérite aucune explication.

2 commentaires sur « Antonio, Luigi, Pablo et les autres … »

  1. Il est vrai qu’à une certaine époque, j’étais beaucoup plus jeune et de ce que je me souviens, la venue de ces étrangers européens était mal vécue par la population française. Petit à petit au fil des années, ces gens venus d’ailleurs se sont parfaitement intégrés dans l’espace français tout en conservant une partie de leurs us et coutumes. Mais ils étaient européens, de culture latine, athées ou croyants chrétiens. Travailleurs méritants et même très assidus au travail. Ils ont largement mérité leur place dans notre pays qui finalement est devenu aussi le leur sans que ça pose de problèmes particuliers.
    Aujourd’hui, avec l’immigration massive que l’on nous impose venant ou de l’Europe de l’est, ou d’Afrique et pour la plupart de culture arabe, la population française craint pour sa survie. L’intégration ne se fait pas, le communautarisme s’installe un peu partout, la violence, les agressions, les vols, les dégradations et j’en passe. Tout est fait par les manipulateurs pour créer ces zones de non droit ou les islamistes assoient leur pouvoir sur cette population. Et aux autorités françaises : « circulez, y’a rien à voir ». Les violences de Dijon en sont la preuve, ce n’est pas la police qui a ramené le calme dans cette ville mais les petits arrangements entre deux communautés qui ne se reconnaissent pas dans notre façon de vivre mais veulent, à terme, imposer la leur.
    Mais où est donc l’état, le pouvoir régalien, l’autorité qui est censée assurer le bon ordre dans ce pays et garantir la sécurité de tous ses citoyens ? Inexistante du moins dans ces parties perdues du territoire que chaque gouvernement, depuis des années, a abandonnées.
    Pourquoi par le passé qui n’est pas si lointain, des millions de français, des soldats des colonies aussi, africains et autres, d’européens de toutes nationalités ont été sacrifiés au nom de la liberté souvent au prix de souffrances que l’on imagine même pas ?
    Aujourd’hui, l’Europe est bradée, vendue en petits morceaux, la conquête est assurée…

    N’entendez-vous pas le pas feutré des babouches ?

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