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Sur les problèmes liés à la mise en œuvre de l’accord sur les céréales
Sur les «corridors céréaliers» de l’UE

Sur les problèmes liés à la mise en œuvre de l’accord sur les céréales

Le 18 mai, la prolongation de 60 jours de l’Initiative de la mer Noire – un paquet d’accords signés à Istanbul le 22 juillet 2022 pour faciliter les exportations de produits alimentaires ukrainiens et débloquer les livraisons d’engrais et de céréales russes sur le marché mondial afin d’assurer la sécurité alimentaire mondiale et d’éviter la situation de crise dans les pays émergents – arrive à son terme.

Sur le fond de la mise en œuvre du «volet ukrainien» de l’accord, qui a rendu possible l’exportation de 30 millions de tonnes de marchandises depuis les ports ukrainiens, la partie russe n’a jusqu’à présent pas constaté le moindre progrès dans le règlement des problèmes «systémiques» qui bloquent les livraisons agroalimentaires russes et soulèvent la question d’un éventuel arrêt de l’Initiative. Parmi ces problèmes :

– l’impossibilité à reconnecter la banque russe spécialisée «Rosselkhozbank» (assure les transactions dans l’agroalimentaire), qui fait l’objet des sanctions, au système «Swift» ;

– l’absence de progrès dans la normalisation de la logistique des transports, de l’assurance et de la fourniture de pièces détachées et d’équipements nécessaires à la production de denrées alimentaires et d’engrais russes;

– l’impossibilité à relancer l’exploitation du pipeline d’ammoniac Togliatti-Odessa.

En outre, tous les problèmes déjà bien connus dans la mise en œuvre de l’initiative de la mer Noire persistent, y compris les livraisons dérisoires à destination des pays les plus démunis (seulement 2,5 % du volume total des fournitures agricoles) et l’utilisation par les Ukrainiens du corridor humanitaire maritime à des fins militaires. 

La Russie a averti à plusieurs reprises que si les parties n’arrivaient pas à trouver un consensus sur l’extension de l’accord sur les céréales en tenant compte des intérêts russes, l’initiative risquait de cesser d’exister.

 Sur les «corridors céréaliers» de l’UE

 Le projet de l’UE sur l’exportation des produits agricoles ukrainiens, les «corridors de solidarité», qui impliquait l’achat conjoint de produits agricoles ukrainiens par l’UE et le Programme alimentaire mondial des Nations unies afin de garantir leur livraison aux pays les plus démunis, s’est tourné en véritable farce. Ses principaux bénéficiaires ne sont pas les pays du «Sud global», mais les opérateurs et les sociétés agricoles européens qui achètent les produits ukrainiens au rabais.

Pour comprendre la véritable nature de ce projet, il suffit de prendre en compte le fait que le lancement des «corridors de solidarité» a été accompagné de mesures supplémentaires de libéralisation des exportations ukrainiennes vers l’Union européenne (suppression des droits de douane, suspension des prix d’entrée et des contingents tarifaires), qui ont permis aux produits ukrainiens d’entrer beaucoup plus facilement sur le marché de l’UE que sur celui des pays en développement.

Force est de constater qu’à la suite de la mise en place des corridors en mai 2022, le secteur agricole des différents États membres de l’UE a reçu un coup dur. Les marchés des pays européens limitrophes de l’Ukraine (la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie) ont été inondés de produits agricoles en provenance d’Ukraine. En avril dernier les États concernés ont même pris des mesures inédites : interdiction unilatérale de l’importation, et dans certains cas même du transit, sur leur territoire de céréales et d’autres produits agricoles en provenance d’Ukraine, et demande à la Commission européenne de protéger le marché contre cette «avalanche» de produits agricoles pas chers et, en fait, pas toujours de bonne qualité (il s’est avéré que les céréales ukrainiennes contiennent 22 substances chimiques interdites dans l’UE, notamment des pesticides, des microtoxines et des OGM).