Vision française
Question écrite n° 23223 de Mme Nathalie Goulet (Orne – UC) publiée dans le JO Sénat du 10/06/2021 – page 3635
Mme Nathalie Goulet interroge M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères sur la situation en Ukraine.
En effet, les partis néonazis développent des activités de plus en plus visibles, y compris au centre de Kiev, avec des stands de tir, des pratiques de montage et de démontage de kalachnikovs, et des bureaux d’embrigadement de jeunes dans des milices qui se revendiquent clairement de l’idéologie nazie.
Des papiers d’identité de soldats nazis morts pendant la guerre, dont des membres des sonderkommandos, sont en vente libre sur la descente Saint-André.
Ces activités sont conjointes à l’entraînement de miliciens de suprématie blanche qui fomentent des attentats dans toute l’Europe, au nom du tristement célèbre régiment Azov.
Ces activités sont extrêmement préoccupantes et elle souhaite savoir quelle est la position du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères sur ce sujet et quelles mesures il compte prendre pour éviter la contagion de cette idéologie mortifère.
Réponse du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères publiée dans le JO Sénat du 22/07/2021 – page 4604
S’il existe des groupes néonazis en Ukraine, leur popularité et leur influence ne sont pas plus importantes que dans d’autres pays européens. Ils n’ont aucune représentation à la Rada et aucun poids au sein du gouvernement ukrainien. Au printemps 2019, les Ukrainiens ont porté M. Volodymyr Zelensky au pouvoir avec plus de 73% des voix, ce qui témoigne de la vigueur du sentiment démocratique dans le pays. Les activités des organisations néonazies en Ukraine ne reflètent donc aucunement une tendance globale du pays. Le conflit dans l’Est de l’Ukraine a effectivement mobilisé certains groupuscules extrémistes violents, mais la plupart ont, depuis, disparu. Les actes antisémites y sont moins fréquents que dans d’autres pays européens. Néanmoins, la France continue d’exercer la plus grande vigilance sur ce sujet. C’est pourquoi notre ambassade à Kiev s’associe aux actions mémorielles importantes. Ainsi, une attention toute particulière sera portée aux commémorations des 80 ans du massacre de Babyn Yar, en septembre prochain.
Source : https://www.senat.fr/questions/base/2021/qSEQ210623223.html
Dossier de presse de l’Ambassade de la Fédération de Russie en France
Paris, le 7 avril 2022
Sur les organisations néo-nazies en Ukraine
Après l’effondrement de l’Union soviétique, les autorités ukrainiennes ont œuvré à la cultivation des sentiments nationalistes dans la société pour pouvoir ensuite instrumentaliser les radicaux dans la lutte politique interne. Cette politique a finalement abouti à un coup d’État de 2014 à Kiev et à une prolifération fulgurante des organisations néonazies dans le pays dans son sillage.
Il existe actuellement une quinzaine de structures actives de ce genre. Parmi les plus importantes, on trouve le parti « Corps national », créé en 2016 par la fusion du mouvement «Affaires honnêtes» et du groupe d’extrême droite « Patriote de l’Ukraine ». Il a été rejoint par d’anciens membres du bataillon de volontaires « Azov » et des extrémistes issus de clubs de supporters de football.

En 2020, le « Corps national » sert de base pour créer une organisation d’extrême droite à tendance raciste « Centuria ». Celle-ci proclame la « guerre de libération » en tant que sa raison d’être. Un rapport publié en septembre 2021 par l’Université George Washington indique que ses partisans les plus actifs comprennent, entre autres, des cadets des écoles militaires ukrainiennes, notamment ceux de l’Académie nationale des forces terrestres de Lvov, soigneusement supervisée par le Département d’État américain.

Un autre acteur de premier plan sur le « flanc » droit est l’association militaro- patriotique de Transcarpathie « Syetch des Carpates », fondée en 2014. Elle cherche à promouvoir les idées de renouveau national, de préservation des traditions et de la culture ukrainiennes, ainsi que d’« intolérance à l’égard du monde russe ». Le mouvement de facto professe une idéologie néo-nazie et fait largement recours à ses symboles. Ses partisans sont connus pour leur implication dans un certain nombre d’actes de violence, d’attaques contre les homosexuels, les migrants et les membres des minorités nationales, notamment les Hongrois de Transcarpathie.
Les radicaux mènent des activités d’information et de propagande visant principalement à recruter des jeunes dans leurs rangs. Ils organisent des « cours d’éducation patriotique » dans les écoles. Ils ont un site officiel regorgeant de publications racistes et néo-nazies.
La « Syetch des Carpates » coopère avec des personnes partageant les mêmes idées en Europe, en particulier des organisations d’extrême droite de Hongrie, d’Italie, de Pologne, de République tchèque et de Serbie. Ensemble avec eux, elle a tenu un congrès nationaliste « Épée d’Europe » à Oujgorod en 2019.

L’un des groupes extrémistes les plus scandaleux est le fameux « S14 », apparu en 2009 comme un mouvement informel de partisans du nationalisme ukrainien et de supporters de football qui les ont rejoints. Ses membres appartiennent simultanément à d’autres associations antirusses, dont l’ « Union des vétérans de la guerre contre la Russie », la « Garde municipale » et le « Centre national pour les droits de l’homme ». Le « S14 » est connu pour une série d’attaques contre les militants pro-russes, les Roms et les Juifs. Les membres du «S14» ont été directement impliqués dans les violents affrontements avec les forces de l’ordre sur Maïdan en février 2014. Pendant le conflit dans le Donbass, ses combattants faisaient partie d’unités de bataillons de volontaires qui exterminaient les civils.
Selon les dirigeants du « S14 », l’organisation « coopère étroitement » et est soigneusement supervisée par le Service de sécurité d’Ukraine. Elle est financée principalement par le budget de l’État ukrainien, notamment par des fonds alloués par le biais du ministère ukrainien des Anciens combattants, des territoires temporairement occupés et des personnes déplacées à l’intérieur du pays.
Le « S14 » opère en étroite concertation avec le groupe radical d’extrême droite « Tradition et Ordre », fondé en 2016, qui est connu pour une série d’attaques contre des personnalités ukrainiennes pro-russes et des militants des minorités sexuelles.

Ces dernières années, un autre groupe s’est imposé dans le paysage extrémiste ukrainien – « Freikorps », formé en 2018. Ne cachant pas leurs opinions néo- nazies, les jeunes voyous attaquent brutalement les membres de la communauté LGBT et les minorités nationales, notamment les Roms. Les radicaux promeuvent activement leurs idées sur Internet et endoctrinent les jeunes. Le groupe organise régulièrement des cours pour les jeunes volontaires pour leur apprendre les bases de maniement d’armes et de la guerre urbaine.
Le groupe « Secteur droit » maintient son influence dans les milieux de l’extrême droite. Au départ, l’organisation était une association informelle de militants d’extrême droite qui s’étaient rassemblés pour renverser par la violence le gouvernement Ianoukovitch. En mars 2014, cette association s’est tranformée en un parti politique portant le même nom, dont a été issue son aile paramilitaire, le Corps des volontaires ukrainiens (DUK). Ses combattants ont pris une part active à l’opération punitive dans le Donbass. Actuellement, le « Secteur droit » compte jusqu’à 2 000 hommes. Le parti est financé au moyen de donation provenant des hommes d’affaires sympathisants.

Sans exception, toutes les organisations nationalistes d’Ukraine honorent la mémoire des collaborateurs pro-nazis. Chaque année, ils organisent ensemble des processions aux flambeaux à Kiev, Lviv et dans d’autres villes ukrainiennes à l’occasion de l’anniversaire de Bandera. Le 13 juin 2021, une cérémonie funéraire a été organisée à Kiev pour O.Vaskoul, ancien combattant de la division de la Waffen SS « Galicie ». Le régiment présidentiel a participé à ces funérailles.
Il est frappant que seuls l’Ukraine et les États-Unis ont voté, année après année, contre la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la « Lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée ».
Dans l’esprit des radicaux, le néonazisme est étroitement lié à la russophobie. Ils s’immiscent dans les processus politiques internes de l’Ukraine et exercent de fortes pressions sur les autorités. À l’heure actuelle, l’ensemble des mouvements néonazis en Ukraine s’opposent farouchement à l’opération militaire spéciale russe, intimident la population, persécutent les dissidents jusqu’aux meurtres et utilisent les civils comme « boucliers humains ».
La destruction de ces associations ultranationalistes est un préalable à la mise en œuvre de l’opération militaire spéciale des forces armées russes visant à dénazifier l’Ukraine.
Pour en savoir plus : UKRAINE, des vérités qui dérangent : Berruyer Olivier, « Ukraine : des vérités qui dérangent », Humanisme, 2014/2 (N° 303), p. 5-12. DOI : 10.3917/huma.303.0005. URL : https://www.cairn.info/revue-humanisme-2014-2-page-5.htm