Sous le titre « Coopération multilatérale pour une reprise mondiale« (*), voici ce que déclaraient le 3 février dernier Emmanuel Macron, Angela Merkel, Macky Sall (Président du Sénégal), Antonio Guterres (ex-premier ministre du Portugal, ex-Haut Commissaire pour les réfugiés aux Nations Unies, aujourd’hui secrétaire général des Nations Unies),Charles Michel (Président du conseil européen), Ursula Von Der Leyen (présidente de la commission européenne).
Encore des doutes sur la notion d’ordre mondial ? La déclaration très officielle de ces personnages que tout le monde connaît devrait permettre de lever toute ambiguïté quant à ce projet issu des ambitions des oligarques financiers les plus influents du monde souhaitant asservir les masses populaires à leur profit. Si les appellations WEF, Bilderberg, Trilatérale et autres regroupements de personnalités des mondes de la politique, des affaires et surtout de la finance internationale ne sont pas vraiment connues du grand public, il n’en reste pas moins vrai que les membres sont actifs dans la plus grande discrétion.
Voici en substance, comment ces personnages présentent le « projet ».
Après un rappel historique sur la Déclaration du Millénaire signée en 2000 par 189 pays, dessinant les principes de la coopération internationale autour d’objectifs communs et une évocation de l’engagement de 2015 d’adhérer au Programme de développement durable à l’horizon 2030, ces grands décideurs évoquent de grands principes sur les inégalités, les crises ayant bouleversé la société mondiale, les avancées de la démocratie, la résurgence des nationalismes et du protectionisme.
S’appuyant sur le constat que si la richesse augmente dans le monde, les inégalités non seulement persistent maiss’accroissent également. Reconnaissant que la démocratie a gagné du terrain, la résurgence du nationalisme et du protectionisme pose problème toutefois en même temps que des crises majeures bouleversent la société.
Ils dressent un sombre tableau qui n’est rien d’autre qu’une forme d’aveu de l’incompétence des gouvernements depuis de nombreuses décennies à gérer correctement l’évolution naturelle du monde.
S’ensuit la présentation d’un ordre international élaboré avec les Nations Unies, les organisations régionales, les enceintes internationales comme le G7 et le G20 et des coalitions ad hoc pour relever les défis mondiaux tels la pandémie de COVID-19, l’environnement, la crise économique, la cohésion sociale, les grands maux qui mettent à mal le monde actuel.
« Pour préparer l’avenir, nous devons apporter des réponses inédites et ambitieuses aux crises les plus graves. La crise que nous traversons actuellement peut, nous en sommes convaincus, être l’occasion de forger un nouveau consensus au service d’un ordre international fondé sur le multilatéralisme et l’état de droit grâce à une coopération efficace, à la solidarité et à la concertation. Dans cet esprit, nous sommes déterminés à travailler ensemble avec les Nations Unies, les organisations régionales, les enceintes internationales comme le G7 et le G20 et des coalitions ad hoc pour relever les défis mondiaux d’aujourd’hui et de demain. »
Afin d’appuyer avec force cette impérieuse nécessité de recourir à un « ordre mondial » ils reprennent longuement les thèmes évoqués précédemment, causes de tous les malheurs du monde actuel, pandémie, crises diverses et variées, inégalités ….dont nous avons tiré quelques extraits intéressants
– « La protection de l’environnement, de la santé et des normes sociales, doit être au cœur nos modèles économiques tout en permettant l’innovation nécessaire. »
– « Nous devons faire en sorte que la reprise mondiale bénéficie à tous. À cet égard, nous devons accroître notre soutien aux pays en développement, en particulier en Afrique, en nous appuyant sur des partenariats existants comme le Pacte avec l’Afrique du G20, ou son effort conjoint avec le Club de Paris dans le cadre de l’Initiative de suspension des services de la dette… ».
– « L’essor des nouvelles technologies constitue un atout précieux au service du progrès et de la solidarité : il a permis de sauver des vies pendant la pandémie et il contribue à l’ouverture et à la résilience des personnes et des sociétés, des économies et des États. »
– « Par ailleurs, l’incroyable puissance des nouvelles technologies peut être détournée afin de limiter les droits et les libertés des citoyens, de semer la haine ou de commettre des crimes graves. Nous devons tirer profit des initiatives existantes et mobiliser les acteurs concernés pour réguler efficacement l’internet afin de créer un environnement numérique sûr, libre et ouvert, dans lequel la circulation des données est sécurisée et les avantages sont démultipliés, surtout pour les personnes les plus défavorisées. Nous devons aussi traiter les problématiques fiscales de la transformation numérique de l’économie et lutter contre la concurrence fiscale dommageable. »
-« Enfin, la crise sanitaire a interrompu les études de millions d’écoliers et d’étudiants. Nous devons tenir la promesse de dispenser un enseignement à toutes et à tous et permettre aux nouvelles générations d’acquérir les compétences et les connaissances scientifiques de base, mais également de développer leur curiosité envers d’autres cultures, leur tolérance, ainsi que leur respect du pluralisme et de la liberté de conscience. Les enfants et les jeunes sont notre avenir et leur éducation est une nécessité. »
Pour en arriver à une conclusion sans appel !
– Le multilatéralisme n’est pas juste une technique diplomatique parmi d’autres pour répondre à ces enjeux. Il façonne un ordre mondial, une manière bien particulière d’organiser les relations internationales, qui s’appuie sur la coopération, l’état de droit, l’action collective et des principes communs. Plutôt que d’opposer les civilisations et les valeurs les unes aux autres, nous devons bâtir un multilatéralisme plus solidaire, dans le respect de nos différences et de nos valeurs communes inscrites dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme. »
– « Le monde d’après la COVID-19 ne sera pas le monde d’avant. »
Le monde d’après COVID !!!! L’expression pourrait prêter à sourire mais ce monde n’a-t-il pas été prévu dans un monde d’avant COVID comme cet « exercice » de préparation à une pandémie qui s’est tenu au Centre Johns Hopkins à New-York le 18 octobre 2019 (**) en partenariat avec le Forum Economique Mondial et la fondation Gates consistant à éclaircir les points ou un partenariat public/privé s’avèrerait nécessaire en réponse à une pandémie en vue de minimiser les impacts économique et sociétal.
(*) Intégralité de la déclaration : www.project-syndicate.org/commentary/multilateralism-for-the-masses-by-emmanuel-macron-et-al-2020-02/french
(**) https://www.centerforhealthsecurity.org/event201
3 commentaires sur « Un aveu très officiel »