Radicalisation islamiste…

Brûlant sujet d’actualité ! La commission d’enquête du Sénat a auditionné un certain nombre de personnes susceptibles d’éclairer la dite commission sur la situation actuelle. 

Le mardi 3 décembre 2019 Monsieur Youssef Chiheb, professeur associé à l’université Paris 13, directeur de recherche au Centre français de recherche sur le renseignement est spécialiste de l’islam radical et du communautarisme auxquels il a consacré de nombreux travaux, et, tout récemment, un livre.

Voici en première partie quelques extraits de son intervention qui font froid dans le dos ! 

Comment l’islamisme a pénétré la société française ? Comment affecte-t-il le vivre ensemble au quotidien ? 

Il s’agit d’un sujet d’actualité, qui s’ancre dans notre société et constitue une menace pour la République – ses valeurs, et principalement, la laïcité et le vivre ensemble. Depuis près de trente ans la France a constitué un modèle de régulation sociale, sociétale et territoriale ambiguë, qui s’est retourné contre certains élus locaux, et contre la République par effet de domino. Le processus de radicalisation n’est pas nouveau, mais il a changé de sémantique. Les frères barbus ont remplacé les grands frères de la version socialiste des années de Martine Aubry. Cela a pris la forme d’une autorégulation du vivre ensemble, qui a été de plus en plus instrumentalisée par les islamistes. Il convient de considérer quelques éléments importants :

Externalisation de la gestion du culte musulman aux États tiers hors France, en particulier au Maghreb sous deux formes : le financement et l’envoi d’imams pour prêcher et diriger les mosquées. Le financement n’est ni tracé ni dépensé pour ce à quoi il était destiné. Il existe également des agréments accordés par nos services de préfecture à des associations culturelles qui sont en réalité des associations cultuelles et non culturelles. 

Les cours d’arabisation –cheval de Troie pour l’islamisation des enfants et des mineurs, ainsi qu’un calendrier culturel et événementiel organisé en arrière-plan par les consulats pour freiner le processus d’intégration et d’assimilation. C’est une forme d’ingérence masquée qui bloque le processus d’intégration et d’assimilation républicaines. 

Le double langage des élus locaux issus de l’immigration, partagés entre l’appartenance aux valeurs de la République affichée en public et leur allégeance à leurs sources ou leurs origines que sont les pays où sont nés leurs parents ou leurs grands-parents. 

Le pullulement des salles de prière. Ce sont de véritable laboratoire de la production de la radicalisation pratiquant l’apologie du djihadisme et du terrorisme. Les mosquées sont plus ou moins contrôlées dès lors qu’il s’y trouve un recteur et que les imams « fonctionnaires » venus des pays tiers sont tenus par une forme de « retenue ». 

Le rôle ambigu du Conseil français du culte musulman (CFCM). Il n’a jamais été clair sur sa position à l’égard des valeurs cardinales de la République, la laïcité en premier lieu. 

La prédominance de la langue arabe dans les prêches et dans les mosquées pose problème. Il n’y pas d’islam français mais un islam en France. 

Un fantasme des milieux intellectuels et des universitaires. C’est ainsi que l’État a considéré la radicalisation jusqu’à ce que l’on soit rattrapé par l’histoire au moment des attentats. 

L’échec de la politique de la ville avec des milliards d’euros dépensés en vain. La République a raté son rendez-vous avec l’histoire sur les quatre « i » : l’islam en France, l’immigration en France, l’intégration en France et l’identité française. Ces quatre éléments fondamentaux ont été mis de côté dans le processus de régulation de ces territoires. 

Les services de renseignement n’ont cessé d’alerter les autorités et le Gouvernement sur la mobilité de nos concitoyens pour motif religieux à l’étranger. Des milliers partent chaque année dans des markaz, c’est-à-dire des centres islamiques spécifiques au Maghreb, au Moyen-Orient, en Égypte, au Yémen – avant, bien sûr, le déclenchement des Printemps arabes. Et à leur retour personne ne s’est demandé ce qu’ils étaient en train de faire dans ces lieux crisogènes, vecteurs de l’islam radical. 

La libre circulation des imams et des prêcheurs de haine qui viennent souvent dans notre pays pose problème. Comment tolérer que les plus grands prédicateurs radicaux salafistes, wahhabites et « fréristes » jouissent d’une totale liberté alors qu’ils déversent la haine sur la France. 

Lourdeur et entraves faites aux procédures d’expulsion des imams qui prêchent la haine dans les mosquées. La traduction de ces prêches montre que le discours initial en arabe est un langage polysémique, métaphorique et extrêmement corrosif exprimés alors que traduit en français il est lissé et policé.

Les sites islamiques versent dans l’apologie du terrorisme et déconstruisent les valeurs de la République. La prolifération du commerce communautaire et de l’économie halal sont un appui important de l’islam radical dans ces territoires représentent 

L’État n’a jamais eu que pour seules doctrines la lutte contre les violences urbaines et la rénovation des banlieues en oubliant le plus dangereux, le traitement de l’islam radical. 

Comment cet islam s’est-il développé au sein de nos territoires ? 

Les États tiers envoient des imams imbibés de doctrine salafiste ou des Frères musulmans ou du wahhabisme, en toute impunité, sans aucun filtre – qu’il soit cultuel, par référence au CFCM, ou légal, par le contrôle de leurs CV par les autorités. 

La France fait face à la résurgence de nouvelles identités, d’une nouvelle conflictualité et d’un nouveau rapport de force entre les islamistes et la laïcité. Leur objectif suprême est la déconstruction de cette laïcité pour entraîner notre pays un pays vers le modèle anglo-saxon où la pratique ostentatoire de la religion n’est pas encadrée par la loi. 

Il n’existe pas de profil type de radicalisé et le danger est dans l’imprévisibilité du passage à l’acte d’une personne radicalisée. 

Des actions possibles ? Oui, mais avec du courage politique ! 

– Couper les financements étrangers de l’islam de France. Il faut couper la cogestion du fait religieux en France, en redéfinissant des relations claires avec les pays du Maghreb et du Moyen- Orient. 

– Sortir du politiquement correct dans les relations avec les pays du Golfe, notamment l’Arabie saoudite ou le Qatar. La première exporte le wahhabisme et le second finance l’islamisme, pour ne pas dire autre chose … 

– Introduire l’islamologie comme discipline universitaire, pour soustraire l’islam à l’emprise des prédicateurs. Le temps est peut-être venu de se mettre d’accord sur le fait qu’une communauté de 5 à 6 millions de personnes ancrées en France doit voir son culte ou ses convictions religieuses encadrés au niveau éthique comme au niveau scientifique.

– Contrôler la mobilité des jeunes qui partent dans la nature dans le cadre de la hijrah (« immigration ») ou de la omra (« petit pèlerinage »). Je rappelle que le Qatar finance environ 1 millier de petits pèlerinages chaque année, suivant un critère discriminatoire très alarmant. En effet, la cible, ce sont les convertis. Ces convertis cooptés par le Qatar pour effectuer le petit pèlerinage constituent une dimension nouvelle. Il conviendrait de consolider et de renforcer les partenariats avec les pays du Maghreb sur cette question. Lorsqu’un individu part au Maghreb, il serait bien d’effectuer un débriefing dès son retour en France pour savoir où il s’est rendu. 

– 214 centres islamistes ont été identifiés au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Égypte et au Yémen où se forment ces gens à l’islam radical. A leur retour, ils sont tranquilles ; personne ne leur pose de questions. 

– Conditions d’attribution d’agrément aux associations qui, dans leur quasi-totalité, se présentent comme des associations d’amitié franco- marocaine ou franco-algérienne, ou comme des associations de développement durable. Mais, en réalité, ce sont des associations cultuelles, qui ont une emprise sur les salles de prière et, in fine, sur les territoires islamisés. 

Objectif : aboutir à une redéfinition de l’islam en France. L’islam de France est une illusion. Il faut un islam français c’est à dire un contrôle total de son financement. La France doit récupérer sa « souveraineté » en se coupant de ces prédicateurs et de ces imams venant de l’étranger. 

Redéfinir la mission du CFCM, « faire le ménage » au sein de cette institution, qui n’est, en fin de compte, qu’une structure d’influence qui présente publiquement son allégeance à des États tiers au lieu de faire allégeance, tout d’abord, à la République. Cette instance doit être représentative, démocratique, transparente et laïque. Ce qui n’est pas le cas actuellement. C’est un conseil qui s’exporte comme modèle, mais, dans les autres pays, la religion l’emporte sur les valeurs de la République. 

L’État doit construire un contre-discours de déradicalisation pour les enfants de la République influencés par le wahhabisme, le salafisme et les Frères musulmans. Ce processus a déjà été engagé. Certains opportunistes ont alors profité de la détresse de l’État, au pic de l’activité terroriste, pour présenter des protocoles de déradicalisation, alors qu’on était encore à se demander ce qu’était la radicalisation. 

Les universitaires et centres de recherche doivent prendre toute leur place pour apporter une assistance technique aux élus de la République afin de finaliser des projets de loi encadrant cet islam « informel », pour ne pas dire sauvage. 

(à suivre …)

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